Dans les Alpes, on a les rimayes, obstacles se dressant entre l’alpiniste/le grimpeur/la grimpeuse (dorénavant je dirai « l’alpiniste », ça m’évitera de me prendre la tête avec les genres) et son objectif.
Ici, dans les Highlands, ij y a aussi un truc qui commence par « ri », et se dresse tout autant entre l’alpiniste et son objectif.
Et, comme la rimaye, il y a des endroits où ça passe moyennant quelques acrobaties, d’autres où l’on croit que ça passe et en fait non, d’autres où ça passe carrément pas.
Et, comme la rimaye, si tu y tombes, tu te retrouves comme un con, mais en plus t’est tout mouillé (et pas qu’un peu).
Par contre, contrairement à la rimaye, tu ne peux pas la franchir en rappel au retour.
Vous avez deviné ? Non ? Pfff… Bon, allez, un indice : ça finit par « e ». Toujours pas ? Bon, ben je vous donne la solution alors. Ça m’évitera quelques contorsions langagières.
C’était bien évidemment la rivière.
Nous commençons donc par une traversée à gué de la rivière Etive, que nous franchissons après quelques tâtonnements mais sans avoir à poser les chaussures. Nous remontons ensuite en direction du pied de l’arête.
Il convient ici de préciser le rôle des « grosses » : non indispensables pour ce que nous envisageons, elles nous évitent bien des questionnements dans le franchissement de ces pentes marécageuses. On n’a plus à se demander tous les quinze mètres comment contourner telle flaque pour ne pas se mouiller : on trace !
Nous attaquons l’arête au plus bas. On est comme ça nous, on aime bien les intégrales.
Après quelques micro-barres, nous arrivons au pied du premier ressaut, franchi sans trop de difficultés. En arrivant sur les Monster Boulders, nous tombons nez à bec avec deux lagopèdes, dont l’un s’est barré avec un bruit imitant une porte qui grince.
Nous attaquons ensuite, après avoir débattu de son identité, le deuxième ressaut, toujours décordés. À un moment, ça coince pour Jéro, qui me demande la corde en urgence. Je suis juste au-dessus, les deux pieds sur une micro-vire, et la corde est bien évidemment sur mon sac. Vite, poser le sac, défaire les attaches, sortir la corde… pour retrouver Jéro à côté. Finalement c’est passé.
Nous continuons jusqu’au sommet et, au lieu de prendre le bon éperon, nous montons par un sentier pierreux jusqu’à un autre rognon rocheux (à ma décharge, le topo ne parlait que d’une seule goulotte à traverser, or l’éperon le plus évident nous en aurait fait traverser – paraîssait-il du bas – deux.
Étant donné la qualité du rocher, nous le remonterons encordés. Ce n’est pas le moment de se la coller…
Arrivés au sommet de l’arête commence la longue marche le long de la crête, de faux espoirs en faux sommets (c’est là ! Ah en fait non, c’est qu’une épaule…) jusqu’au Creise.
On mange un peu, on « fête » ça – ça fait quand-même depuis notre voyage de septembre-octobre 2014 que nous lorgnions sur cette arête – à l’Auchentoshan « 3 fûts » avant de filer vers le col dominant l’Allt Fionn Ghleann, notre ticket pour rentrer au camion. Nous recroiserons un lagopède en route.
Puis vient ensuite la longue marche dans le fond du vallon, principalement un rive droite mais avec un passage en rive gauche pour éviter une zone de ravines récentes et profondes, jusqu’à la River Etive.
Jéro posera les grosses pour traverser. Quant à moi, je tenterai à pied sec, pari qui aurait été réussi sans l’intervention d’un caillou fourbe. Heureusement, l’imperméabilité (qualitative) des grosses rattrapera la mise.